Discourse markers in modern Russian linguistics: analysis of some theoretical approaches

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Abstract

Currently, discourse markers are the object of numerous linguistic studies, in which they are studied from the perspective of various scientific theories and approaches both in foreign studies and in the works of Russian scientists. This article is devoted to the analysis and synthesis of individual approaches to the study of discourse markers that currently exist in Russian linguistics. In the article below, this linguistic phenomenon is considered from the perspective of sociolinguistics, cognitive science, Сonstruction Grammar, gender linguistics, theory of politeness, as well as within the framework of individual combined approaches. The purpose of the article, therefore, is to critically review, analyze, generalize the views of Russian linguists, identify common ground and differences in relation to the designated linguistic phenomenon. The problem of separating discourse markers on an equal basis with other linguistic units into a separate class or an independent category is raised, their characteristics and features of functioning depending on the type of discourse are analyzed. An attempt is made to explain the various variants of terminological nomination of discourse  markers, their classifications and typologies in the designated theoretical approaches are compared. The article concludes that there is no connection between the theoretical approach and the choice of a term to denote the linguistic phenomenon we are analyzing. In addition, the author notes the insufficiency of one criterion for the typologization of discourse  markers due to the versatility of their nature, as well as their multifunctionality. The actor also points out the difficulty of creating a unified classification of discursive markers but sees this as a prospect for further research of this phenomenon, as well as the peculiarities of their functioning in various discursive practices.

Full Text

Introduction

Dans les recherches modernes, l’analyse des marqueurs discursifs n’occupe pas la dernière place, de nombreux scientifiques s’étant penchés à cette question. Aujourd’hui, les critères de leur sélection parmi les autres unités linguistiques, les caractéristiques structurelles, sémantiques, fonctionnelles et pragmatiques sont activement étudiées, celle-ci étant identifiées en fonction du type de discours. Les questions de nomination terminologique, de statut linguistique, de typologie et de classification se posent aussi. Dans le même temps, cet élément linguistique est analysé sous différents angles et dans le cadre de diverses approches théoriques. Dans la linguistique russe, les marqueurs discursifs sont étudiés du point de vue de l’approche pragmatico-fonctionnelle [Bogdanova-Beglaryan 2019; Shugaeva, Korovina 2022; Viktorova 2014], sémantico-fonctionnelle [Zalizniak, Paducheva 2018] (Zakharkiv 2023; Ivanov 2019), dans le cadre de la sociolinguistique [Kamenskii 2007; Khitina 2019], de la linguistique cognitivie [Kamenskii 2014v; Shlyakhov, Agafonova 2022] (Prozorova 2009; Racheva 2018), la linguistique de genre (Avakova 2017), dans la perspective de la grammaire de construction (Zhukova 2021) [Rakhilina, Bychkova, Zhukova 2021] et d’autres. Cependant, malgré la diversité des travaux scientifiques, de nombreux problèmes restent non résolus et controversés.

Premièrement, mettons en valeur le problème du choix d’un terme pour désigner ce phénomène linguistique. Il est à noter, que dans les recherches des scientifiques russes consacrées à ce sujet, il n’y a pas de nomination unique, les termes étant nombreux. Parmi ces derniers on trouve des appellations telles que: «дискурсивный маркер» (сi-après c’est nous qui traduisons ‒ auteur) (marqueur discursif) [Golovanova, Korsakova 2018; Kibrik, Podlesskaya 2009; Khilkhanova, Khilkhanov 2019] (Putina 2021), «дискурсивное слово» (mot discursif) [Baranov, Plungian, Rakhilina 1993; Zalizniak, Paducheva 2018; Kiseleva, Paillard 1998; Khitina 2019], «дискурсивная частица» (particule discursive) [Avakova 2014] (Ivanov 2019), «дискурсный маркер» (marqueur de discours) [Kamenskii 2014 a; Kamenskii 2014 v], «элементарная дискурсивная единица» (unité discursive élémentaire) (Prozorova 2009) «дейктическая единица» (unité déictique) (Racheva 2018), «дискурсивная формула» (formule discursive) (Zhukova 2021) [Rakhilina, Bychkova, Zhukova 2021; Shlyakhov, Agafonova 2022], «дискурсивный элемент» (élément discursif) (Avakova 2017) et d’autres. Une telle divergence dans l’utilisation des termes peut s’expliquer par la diversité des approches théoriques qui mettent l’accent sur tel ou tel côté du phénomène étudié, mais peut également faire preuve de sa nature multifonctionnelle. L’identification du statut linguistique du phénomène en question nous semble un problème tout aussi important: le marqueur discursif est-il une classe à part ou une catégorie particulière comprenant différentes sous-classes. Une autre question que nous voudrions soulever est le problème de l’existence d’un critère unique pour la classification et la typologie des marqueurs discursifs.

Le but de cet article est donc d’analyser, de comparer, de réfléchir sur les problèmes identifiés en les interpretant en termes de quelques points de vue existants dans la linguistique russe en ce qui concerne les marqueurs discursifs, à savoir: sous l’angle des recherches sociolinguistique et cognitive, du point de vue de la linguistique du genre, dans le cadre de la grammaire de construction et des approches et théories combinées.

Les principales méthodes de recherche sont les méthodes générales telles que l’analyse et la synthèse; la méthode de comparaison en tant que méthode de recherche empirique, ainsi que les méthodes de systématisation du savoir scientifique: typologie et classification. Dans cet article, nous utiliserons le terme «marqueur discursif» (ci – après –MD) comme reflétant le plus clairement, de notre point de vue, la nature et le contenu de ce phénomène.

L’analyse critique: résultats et discussions

À l’étape actuelle de la recherche des MD, il est important d’examiner les travaux réalisés dans le cadre de la sociolinguistique. Tout d’abord, il convient de noter le travail de M.V. Khitina, qui utilise comme terme principal celui de «mot discursif». Le scientifique étudie l’influence du sexe, de l’âge et de l’éducation sur l’utilisation des MD dans les commentaires du réseau social russe VKontakte. En basant sa classification sur les études de B. Fraser [Fraser 1999, p. 167–190], M.V. Khitina identifie les types suivants des MD: marqueurs de clarification; marqueurs de contraste; marqueurs d’évaluation; marqueurs évidentiels; marqueurs de source d’information; marqueurs d’inférence; marqueurs de changement de thème; marqueurs d’atténuation. Il en résulte que l’emploi des MD est prédominante chez les femmes et les personnes ayant une éducation humaniste. Un facteur tel que l’âge n’est pas significatif lors de l’utilisation des unités étudiées. En outre, l’auteur constate la plus grande fréquence d’utilisation de marqueurs de clarification ou de détail et la plus petite – de ceux d’atténuation [Khitina 2019, p. 545].

Il est intéressant d’analyser la position de M.V. Kamenskii, qui étudie les MD du point de vue de diverses approches, y compris dans le cadre de la sociolinguistique. Pour nommer le phénomène analysé, l’auteur s’appuie sur la définition de M.-B. Hansen [Hansen 1998] et choisit le terme de «marqueur de discours» qu’il comprend comme des indicateurs métalinguistiques, «contrôlant la perception des énoncés et le déploiement du discours» [Kamenskii 2014 v, p. 10]. Selon M.V. Kamenskii, les MD sont déterminés socialement, leur choix par les locuteurs est dû à des facteurs tels que: le type de discours, l’âge, le statut social. Par conséquent, les MD sont répartis en plusieurs groupes. Ainsi, par exemple, le type de discours familier est caractérisé par la présence de MD suivants: well, oh, you know, I mean, like, now, okay, so, why, in, alors que le discours institutionnalisé implique l’utilisation des MD du type: with regards to, regarding, as regards, as far as is concerned, on The one/other hand, while, whereas, nonetheless, moreover, furthermore, in addition, therefore, as a result, consequently etc. L’auteur signale en même temps que le choix du type de discours est conditionné à son tour par d’autres aspects, par exemple, le statut social, l’activité professionnelle. Contrairement aux études de M.V. Khitina l’âge est également révélateur dans le choix des MD selon M.V. Kamenskii. Ainsi, les personnes de moins de 30 ans, selon les données présentées, sont plus susceptibles d’utiliser des MD tels que like, you know, why, tandis que les interlocuteurs plus âgés que l’âge indiqué ont plus recours à des MD suivants: nonetheless, nevertheless, with regard to, as is concerned, therefore, furthermore, consequently. En outre, il existe des MD qui sont employés également souvent par les deux groupes de participants à la communication: well, I mean, oh, so, as for, on The one/other hand, while, whereas, however, as a result et autres. Il est aussi constaté que les MD peuvent passer d’un groupe à un autre sous l’influence de différentes conditions (Kamenskii 2007, p. 175).

Dans les travaux ultérieurs, M.V. Kamenskii examine les MD du point de vue d’une autre approche, notamment de la théorie cognitive. Cependant, pour désigner l’unité analysée, le scientifique utilise toujours ce même terme qu’on trouve dans ses études sociolinguistiques précédentes – celui de «marqueur de discours», en justifiant son choix par le fait que ce dernier est capable de marquer «le changement de l’état mental des communicants, ainsi que leur réaction et leur attitude à la situation au cours de l’interaction discursive» [Kamenskii 2014 v, p. 153]. Les MD dans ce cas sont compris par l’auteur comme «les substituts emblématiques de la connaissance, qui font partie de la capacité linguistique des communicants et constituent un point essentiel de son utilisation» [Kamenskii 2014a, p. 53]. Ainsi, il est évident que le choix du terme n’est pas conditionné par l’approche théorique, ni par la signification qui lui est attribuée, ni par leur typologie.

Dans le cadre de cette étude, le scientifique analyse le potentiel cognitif des MD en tant que moyen de créer un contraste dans l’impact discursif, ainsi que comme moyen d’introduire de nouvelles informations. Pour la classification des MD, M.V. Kamenskii crée une sorte de modèle cognitif et fonctionnel, selon lequel il distingue deux groupes de marqueurs – les marqueurs des niveaux supérieur et inférieur [Kamenskii 2014 b]. Le premier groupe de marqueurs est constitué de MD, portant une charge cognitive particulière des participants à la communication (par exemple, only; on The other hand, at The same time; of course... but, besides..., as you understand; however; but; whereas; oh; on The one hand/on The other hand, nonetheless, nevertheless, while) [Kamenskii 2014 a, p. 54], le deuxième groupe – ce sont les MD ayant un certain ensemble de paramètres fonctionnels, appelés «slots fonctionnels». Le nombre de marqueurs dans un slot peut être différent en raison du facteur qui a servi de base à la combinaison de MD de niveau supérieur. Par exemple, les slots fonctionnels des MD de contraste only, whereas, however, nonetheless, nevertheless, while et autres [Kamenskii 2014 v, p. 153] ou les MD d’introduction de nouvelles informations – like [Kamenskii 2014 b]. Cette classification nous paraît intéressante, mais très conventionnelle, car il s’agit plutôt d’une analyse des fonctions des MD faisant partie du niveau supérieur.

L’approche cognitive est aussi à la base des études d’E.V. Prozorova qui examine les marqueurs MD dans la langue des signes. La chercheuse utilise pour eux le terme «unités discursives élémentaires», qui représente «le quantum du discours oral, l’étape minimale par laquelle le locuteur avance le discours» [Kibrik, Podlesskaya 2009, p. 390]. Ces unités, à leur tour, sont regroupées en plus grandes unités super-discursives – «segments de discours ayant une сohérence sémantique: référentielle (c’est-à-dire quand on présente les actions d’un référent principal), temporelle, thématique (on utilise des schémas de type «référent-action-lieu»; on décrit les actions menant à un but)» (Prozorova 2009, p. 13).

En se basant sur le modèle de flux d’informations de W. Chafe [Chafe 1994], la scientifique distingue les types suivants d’unités discursives élémentaires:

1) significatifs, qui expriment une signification propositionnelle ou une idée du référent. Ces unités peuvent être composées d’un seul prédicat révélant l’idée d’un événement ou d’un état, ou de plusieurs prédicats représentant la séquence ou la simultanéité des événements, ainsi que des aspects individuels de l’un d’entre eux. En plus, ce groupe comprend les unités discursives élémentaires nominales, c’est-à-dire les unités sans prédicat;

2) réglementaires, effectuant des fonctions structurelles et réglementaires. Ces unités sont des gestes jouant le rôle des MD.

3) fragmentaires – non pas terminées complètement par le locuteur en raison de troubles de la parole (Prozorova 2009, p. 16–17).

L‘auteur note que les marqueurs les plus courants dans ce type de discours sont les unités prédicatives significatives. Outre cela, l‘accent est mis sur l‘identité des marqueurs multidirectionnels, nominaux et réglementaires dans le discours gestuel et oral.

Dans le cadre du paradigme cognitive-discursif, il a été également réalisée l‘étude de A.A. Racheva. Dans sa thèse, elle choisit le terme «unité déictique», qui est compris par la chercheuse comme un MD remplissant la fonction d‘organisateur structurel du discours et en même temps un marqueur des processus cognitifs qui se produisent dans l‘esprit du locuteur lors de la génération du discours (Racheva 2018, p. 4). L‘analyse de MD вот/вон, этот/тот, здесь/тут/там conduit la scientifique à identifier les fonctions discursives suivantes: fonction d’accentuation, fonction délimitative, marqueur du discours d’autrui, marqueur de recherche, marqueur d’exemption, marqueur d’ouverture d’un nouveau sujet, marqueur de relations anaphoriques, marqueur de conclusion, fonction de remplacement préparatoire, fonction de mise en valeur et d’autres. Lа scientifique relie les fonctions à plusieurs processus cognitifs, parmi lesquels, premièrement, celui d’immersion cognitive dans le passé, ce qui implique que le «locuteur «plonge» dans la situation décrite, réalisant une orientation spatiale par rapport au point de vue caractéristique de la perception directe de cette situation dans le passé» (Racheva 2018, p. 19). Dans ce cas, les MD sont décrits dans le mode de deixis à l’imaginaire. Deuxièmement, le processus d’activation de l’information dans l’esprit du locuteur, qui se produit en accentuant les éléments du récit à l’aide des MD désignés. Et, enfin, les processus associés à la qualification de l’information – l’expression de l’évaluation négative; le signe de l’attitude distante; le marquage de l’information comme inexistante (Racheva 2018).

En analysant les MD, V.I. Shlyakhov et K.E. Agafonova appuient leurs idées sur une approche cognitive et communicative, reliant le fonctionnement des unités étudiées à un sens implicite. Les auteurs appellent traditionnellement les MD «mots discursifs», mais vu le fait que les scientifiques proposent de les étudier comme des constructions idiomatiques ayant une certaine méta-signification [Shlyakhov, Agafonova 2022], nous pouvons supposer que cela les rapproche des routines discursives qu’on étudie beaucoup dans la linguistique française [Legallois 2022; Tutin, Ji, Kraif 2022] ou de formules discursives, dont il est question dans les études des scientifiques russes, par exemple L.S. Beilinson [Beilinson 2008], E.V. Rakhilina [Rahkilina 2010] et d’autres.

Arrêtons-nous plus en détail sur ce concept. L.S. Beilinson oppose les MD et les formules discursives. Le MD est représenté ici du point de vue de K.L. Kiseleva et D. Paillard comme des unités lexicales désémantisées fonctionnant en tant que modales et jouant le rôle des régulateurs du discours – certains adverbes, particules, connecteurs logique et modalisateurs [Kiseleva, Paillard 1998]. Les formules discursives, à leur tour, sont comprises comme «des énoncés conditionnées par une situation et spécifiques à tel ou tel discours, ainsi que des unités lexicales et phraséologiques». Il s’agit d’énoncés indiquant une certaine sphère de communication et ayant une certaine marque professionnelle («К доске пойдет…», «На что жалуетесьetc.), toutes sortes de termes, ainsi que des unités phraséologiques institutionnelles, dont parle V.I. Karasik. De telles unités phraséoligiques sont utilisées comme clichées dans le but de normaliser le discours professionnel, plutôt que de le rendre plus expressif [Karasik 2007]. À titre d’exemple, on peut citer des expressions du type произвести впечатление; принять меры; оказать содействие etc. [Beilinson 2008, p. 42–43].

Il est à noter que les formules discursives et les MD sont utilisées à la fois dans le discours oral et écrit. Dans le même temps, leur fréquence est dûe à la situation de communication et aux participants à la communication. Le nombre de ces unités est plus élevé dans le cas de la communication professionnelle entre collègues, par exemple, et plus faible dans la conversation de l’agent et du client d’une institution sociale, ce qui est tout à fait logique et peut être expliqué par la nécessité de transmettre clairement des informations.

En suivant le point de vue de L.S. Beilinson, A.Yu. Bagiyan et G.R. Nersesyan, dans leur étude des MD de l’identité professionnelle, mentionnent également le concept de «formules discursives» qui font partie d’un groupe plus large appelé «marqueurs de la parole». Ces derniers, en plus des formules discursives que nous avons citées, comprendront le vocabulaire nominatif, des expressions terminologiques, les collocations professionnellement marquées; les termes professionnels; les unités phraséologiques institutionnelles; les formules discursives; les phrases qualificatives; les stratégies et tactiques.

Dans le discours scientifique et académique, les auteurs distinguent les formules discursives du discours oral impliquées dans le processus d’apprentissage, par exemple: «While we’re on the subject, …». / «Пока мы коснулись этой темы…», «As I said earlier, …». / «Как я сказал(а) прежде, …»; «Let me sum up”. / «Подводя итоги / Позвольте подытожить»; et les formules du discours écrit utilisées pour rédiger des articles scientifiques et académiques, par exemple «It is well generally accepted…». / «Общепринято/общепризнано, что…»; «This paper is an overview of…». / «В настоящем документе/исследовании приводится/дается обзор…»; «The next chapter investigates the question of…». / «В следующей главе исследуется/раскрывается вопрос…» Selon les auteurs, le nombre de formules discursives est principalement dû à l’identité professionnelle prononcée du locuteur [Bagiyan, Nersessiyan 2019, p. 168–169].

On rencontre le même terme de «formules discursives» chez S.Yu. Zhukova qui après E.V. Rakhilina [Rakhilina 2010] les considère du point de vue de la grammaire de construction. Ces unités représentent «une classe particulière de structures avec un ensemble de propriétés spécifiques qui les distinguent des structures standard» (Zhukova 2021, p. 11). Cette classe est assez grande et comprend, par exemple, des formes verbales (как хочешь (-ите) /
как знаешь(-ете); а что/как ты думаешь; а я что говорю/ говорил), des formules avec des noms (X c ним; X (его / ее / их / тебя / вас) знает; X c тобой; X знает что (такое); X-у понятно, формула чушь собачья etc.), les particules dans le cadre d’une formule discursive (ну что вы говорите; да что вы говорите; ну-ну; ну и ну). C’est une classe périphérique non prototypique de constructions pragmatiques [Rakhilina, Bychkova, Zhukova 2021], qui ont subi respectivement le processus de formation de constructions et celui de pragmaticalisation.

Comme dans les travaux d’autres scientifiques, cette étude différencie les concepts de formule discursive et de marqueur discursif, mais il est intéressant de noter que dans ce cas, le MD est considéré comme une unité distincte du discours et de la routine. En tant que MD dans le sens traditionnel du terme, les recherches en question donnent un exemple, так что же alors que la routine est une unité stable, qui est une réaction à un élément physique d’une situation communicative (что вам угодно; чего изволите; счастливого пути; спокойной ночи; а ты что молчишь, тише вы там, кто там, что вы так смотрите, что же это вы делаете). Le discursif de S.Yu. Zhukova diffère de la formule discursive par la sémantique et la fonction pragmatique: «ce sont les unités qui ne transmettent pas la réponse oui, non et n’évaluent pas, mais participent plutôt à la régulation du dialogue: initiation (ну так что), la prière de s’arrêter (ну хватит уже), ou au contraire – de continuer (что дальше), etc.» (Zhukova 2021, p. 86–87). En outre, nous voyons que, contrairement, par exemple, à la représentation de L.S. Bailinson, dans la thèse de S.Yu. Zhukova la notion de formule discursive est plus large et comprend un grand nombre d’unités. Ainsi, la notion de «formule discursive» dans cette étude est plus vaste que le marqueur discursif au sens traditionnel du terme, mais on ne peut nier le fait que tous les deux ont des caractéristiques similaires, à la fois structurelles, significatives et fonctionnelles.

Il est important aussi d’examiner l’étude complexe de M.L. Avakova, qui analyse le côté genre du fonctionnement des MD suivants: just, exactly, only, simply, really, quite, désignés comme «éléments discursifs». L’auteur s’appuie simultanément sur plusieurs approches et théories: linguistique cognitive, socio-pragmatique, théorie de la politesse, pragmalinguistique, linguistique de genre, etc. Ces éléments, selon elles, sont polyfonctionnels et appartiennent à plusieurs classes lexico-grammaticales. Pour la chercheuse, les éléments discursifs analysés agissent dans différents statuts: dans le rôle des marqueurs pragmatiques (just, really), des marqueurs discursifs (just, exactly, really), des particules discursives (just, exactly, really), des particules focales (just, only), des particules isolantes (just, exactly, only, simply, quite), des particules conjonctives (just, only), des particules polyfonctionnelles (clarifiant/identifiant – just, exactly, restrictive – just, only, simply, amplifiant/emphatique – just, only, simply) (Avakova 2017, p. 152). Ces éléments peuvent servir de moyen d’expression de l’appréciation subjective et rationnelle du locuteur et sont également utilisés pour atteindre les objectifs de communication du locuteur.

Les unités analysées peuvent être, à la fois des indicateurs de politesse négative, en atténuant et en minimisant la catégorisation des énoncés et la manifestation d’émotions indésirables, ainsi que la politesse positive pour exagérer le degré de proposition de l’énoncé dans les actes de parole expressifs d’approbation, de louange [Avakova 2014]. Dans le même temps, l’utilisation de tels éléments, par exemple, comme moyens d’atténuation, est plus caractéristique du comportement de la parole des hommes, tandis que les éléments utilisés pour compenser l’expression de l’estime de soi et de la courtoisie envers soi-même sont plus fréquents dans le modèle de la parole des femmes.

Conclusion

Pour conclure, l’analyse des ouvrages scientifiques a permis d’établir que le MD est un phénomène complexe et multidimensionnel existant dans la langue. Dans les approches indiquées, nous voyons différentes possibilités de sa nomination, ce qui montre que le choix du terme n’est pas toujours dû à l’approche théorique qui a servi de base à l’étude de ce phénomène. La question du statut linguistique des MD reste ouverte, mais on peut constater que dans les travaux présentés ci-dessus, les scientifiques sont plus enclins au fait que les MD représentent une classe particulière d’unités linguistiques. Nous soulignons que les MD font souvent partie de classes d’unités plus larges, agissant comme l’un des types qui les composent. En outre, il n’ existe pas de classification uniforme des MD, mais on peut affirmer que la plupart des classifications reposent sur les fonctions des MD. Malgré toute la diversité de ces derniers, il a été constaté que les fonctions structurelles, réglementaires et pragmatiques des MD constituaient la base pour de nombreux scientifiques. Les approches théoriques que nous avons examinées ouvrent de nouvelles opportunités d’étude du phénomène analysé. Il nous semble intéressante et importante la perspective d’unifier la classification des MD, ainsi que l’étude des MD en termes de leur fonctionnement dans différents types de discours. En général, l’étude de ce phénomène dans divers domaines de la linguistique permet de mieux comprendre sa nature et son contenu ainsi que son rôle dans le processus de communication et les activités linguistiques en général.

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About the authors

A. V. Kuleshova

Higher Language Training Courses of the Ministry of Foreign Affairs of the Russian Federation

Author for correspondence.
Email: ksas3@yandex.ru
ORCID iD: 0009-0002-1494-5462

Candidate of Philological Sciences, associate professor, associate professor of the Department of French Language

Russian Federation, 32/34, Smolenskaya-Sennaya Square, Moscow, 119200, Russian Federation

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